Accueil Culture «Arboun de» Imed Jemaa:   Le pouvoir merveilleux de la danse

«Arboun de» Imed Jemaa:   Le pouvoir merveilleux de la danse

Une nouvelle création qui prend sa source dans le texte de Monique Akkari. Une réflexion sur l’identité de la danse et les frontières qui séparent la réalité de la fiction, le beau du laid, l’ancien du nouveau, le classique du moderne, la danse contemporaine de celle des « Arboun ».

La Presse — « Arboun », la nouvelle création chorégraphique de Imed Jemaa, l’un des grands chorégraphes de danse contemporaine en Tunisie, a été présentée en première, jeudi dernier au Théâtre des Régions de la Cité de la culture devant un public d’initiés.

A 59 ans, Imed Jemaâ, les cheveux grisonnants, mais le physique en forme, toujours prêt à affronter la scène avec frénésie et énergie propose «Arboun», une pièce chorégraphique sous forme d’une quête permanente d’identité dans un univers musical où la danse, le jeu théâtral et d’équilibrisme réveillent les sens. Huit danseurs et une chanteuse se déploient sur scène avec beaucoup d’aisance et de légèreté.

Cela commence par l’entrée en scène des personnages dans un décor hétéroclite où l’on retrouve un canapé, des briques, trois fauteuils de cinéma, une table, deux chaises, des marches et un haut mur avec une porte ouverte. La chorégraphie est délimitée dans un espace, un carré blanc où se meuvent d’abord lentement puis avec frénésie les danseurs, tandis que résonne la voix d’une soprano qui chante un air d’opéra.

L’ambiance paraît décalée et disparate où les arts s’enchevêtrent dans des mouvements chaotiques au ton tantôt dramatique, tantôt burlesque. S’alternent aussi lenteur et vitesse des mouvements dans une partition où la complexité le dispute à la simplicité. Les personnages apparaissent en courts solos ou en duo, parfois même ensemble, exécutant une danse ou murmurant un dialogue puis disparaissent dans les coulisses pour revenir à nouveau dans un autre exercice de style. A la fin, les membres de cette troupe déjantée s’agglutinent pour former un ensemble cohérent et s’adonner à un jeu de chaises ludiques où chaque personnage change de place comme pour explorer toutes les possibilités de l’espace.

Dans ce qui semble être une répétition où les danseurs, en tenue de ville sauf celui campant le rôle de musicien avec son costume d’apparat et sa trompette qui interprète un air célèbre de fanfare connue dans les fêtes de circoncision, jouent la virtuosité sur une musique rythmique et s’emparent des équilibres et des appuis pour créer une belle harmonie. Leur trajectoire est guidée, donc par la pulsation musicale : vitesses, sauts, girations du corps, un rituel où les corps se rapprochent et se touchent parviennant à surprendre le spectateur. Imed Jemaâ, lui-même, fait partie de cette troupe de danseurs. Ses deux solos révèlent sa longue expérience dans le domaine de la danse. Ses mouvements sont précis et minutieux. Muni d’un accessoire de combat, il a fait une démonstration d’arts martiaux, sport qu’il maîtrise et affectionne et dont il n’a de cesse de rappeler que ses débuts ont démarré avec cette activité qui l’a aidé dans ses performances de danseur et de chorégraphe. « Arboun » est une nouvelle création qui prend sa source dans le texte de Monique Akkari. Une réflexion sur l’identité de la danse et les frontières qui séparent la réalité de la fiction, le beau du laid, l’ancien du nouveau, le classique du moderne, la danse contemporaine de celle des « Arboun » représentées par la métaphore du mur que construit l’un des personnages à la fin du spectacle. Un spectacle porté par des danseurs chevronnés : Amen Chatti, Houssemedine Achouri, Chokri Jemaâ, Abdelkader Drilli, Omar Abbès, Kaïs Boularès, Imed Jemaâ et la voix sublime de Rania Jdidi.

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